Haiti et la Cote d'ivoire : Vases communicants

Le 29 novembre 2010, les électeurs haïtiens et ivoiriens ont été appelés aux urnes pour exercer leur droit de vote. Aujourd’hui, on connaît le résultat, c’est l’absence de résultats. Les deux pays sont plongés dans une tempête politique. Bien heureux à celui qui saura prédire la suite des évènements. Cette coïncidence ne peut s’expliquer que par un jeu de vases communicants.

C'est la première fois dans des pays negro-africains que les candidats sortants contestent l'irrégularité des élections. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, c'est le Président sortant qui conteste le scrutin. En Haiti, c'est le dauphin du Président qui conteste les résultats. Car selon Jude Célestin, il aurait remporté l'élection dès le premier tour avec 52% des voix. Traditionnellement, ce sont les challengers qui crient aux irrégularités. C'est là, le premier enseignement de ces deux élections.

Si Haïti et la Côte d'Ivoire sont géographiquement éloignés, leur commune histoire avec le colonialisme français les rapproche sur un plan historique sur de nombreux points. Certains verront dans l’échec de ces deux élections le doigt visible de la France pendant qu’ils négligent la main invisible de la gouvernance mondiale et l’immaturité des politiciens négro-africains.

La gouvernance mondiale ou le nouvel ordre mondial n’est pas un trésor caché sous le matelas des nations. Le père Georges Bush en a fait l’éloge en son temps. Aujourd'hui Obama, Dominique strass Kahn et Nicolas Sarkozy sont les champions de ce nouveau monde. La gouvernance mondiale a même sa revue spécialisée ''Global governance''. 

Si la notion de gouvernance mondiale n’est plus une affaire d’initié, je m'aperçois que personne n’a pour l’instant clairement défini ses contours. Qu’est-ce donc cet ovni appelé gouvernance mondiale?Les complotistes disent qu’il s’agit d’une mainmise de la ploutocratie sur la souveraineté des Etats afin de faire disparaître l’Etat-Nation. Les internationalistes répondent qu’il s’agit d’une mutualisation des forces des Etats aux fins de mieux gérer les défis écologiques, économiques et politiques. 

Mon intérêt pour la gouvernance mondiale est fortuit. Je viens d'apprendre que le parti socialiste français sous l’influence du Président du FMI vient de faire voter un texte relatif à la gouvernance mondiale. Bizarrement, ce vote interne au parti socialiste est passé inaperçu dans le débat politique. Or, j'estime que ce texte aurait dû faire l'objet d'un vrai débat tant il est porteur de significations.

La crise en Côte d'Ivoire témoigne de ce changement de cap du parti socialiste en matière internationale. Depuis 10 ans, le parti socialiste est l’ami de Président Gbagbo en Côte d'Ivoire. Pourtant lors de ces dernières élections, alors même que le conseil constitutionnel Ivoirien a donné la victoire au Président sortant Gbagbo, le parti socialiste a unanimement reconnu la victoire d’Alassane Ouattara : ancien fonctionnaire du FMI, ami de Strauss-Kahn: éléphant du parti socialiste et futur chef d’Etat français plébiscité par le pouvoir médiatique. 

Le choix du parti socialiste de trahir son ancien allié Gbagbo peut paraitre aporétique. Mais en réalité, il est très simple. La communauté internationale (Obama, Sarkozy, l’ONU, l’UE) s’est rangée du côté de la ( CEI) commission électorale indépendante ivoirienne ayant donné la victoire à Alassane Ouattara. Cette commission née de l’accord de Marcoussis du 24 janvier 2003 imposé par la France n’a d’indépendant que son appellation et n'est absolument pas paritaire.

Obama, l’auteur du discours de Berlin est venu faire l'éloge de cet organe administratif qu'est la CEI au lieu de respecter la décision de l’organe juridictionnel suprême de la Cote d'ivoire. Comment est-il possible qu'Obama, après avoir énoncé le 12 janvier 2009 à Accra au Ghana que l'Afrique n'avait pas besoin d'hommes forts mais d'institutions fortes piétinent la Cour constitutionnelle de la Côte d'Ivoire. On s'aperçoit que la légalité des élections dans les pays négro-africains est aujourd'hui plus une question de légitimité internationale qu'une question de droit… C’est là un enseignement fondamental...C'est pas nouveau...Mais de la part d'Obama, les bras m'en tombent.

De la même façon, le changement opéré par le parti socialiste français vis à vis de Laurent Gbagbo est surprenant, ne peut s'expliquer que par l'emprise de leur chef Dominique Strass-Kahn au sein de l'appareil politique du parti socialiste pour les prochaines élections et également par un tournant idéologique de la gauche française face aux questions internationales. C'est pourquoi, Il est donc hors de question pour les socialistes de contredire la volonté de la communauté internationale instrument de la gouvernance mondiale. 

Bref, la gouvernance mondiale a choisi son allié en Cote d’Ivoire, C’est bien évidemment Alassane Ouattara, digne héritier d’Houphouet Boigny: ami de la France. La gouvernance mondiale est donc en train de pousser cet ancien fonctionnaire du FMI au pourrissement de la situation afin de provoquer une guerre fratricide pouvant justifier une intervention militaire ou économique en Côte d'Ivoire. Le message est lancé…Battez-vous….Mais à la fin, ce sera Ouattara : notre nègre de service.

En Haïti, la situation est beaucoup simple, la communauté internationale reste à distance. Obama n’a rien dit des élections, Sarkozy non plus, pas plus que Strauss-Kahn. C’est le silence dolosif absolu. Seul, le secrétaire de l’Onu a bien voulu jouer les bons offices. On n'entend que des voix inaudibles. Pourquoi cette soudaine timidité sournoise de la gouvernance mondiale dans cette élection en Haiti? Comment interpréter la fermeté d'Obama en Côte d'Ivoire et sa mollesse en Haiti? 

Autant de questions qui me laissent penser que la gouvernance mondiale n'a pas trouvé le candidat fantoche idéal en Haiti pour accomplir son agenda. Si Préval avait un génie politique, ce serait certainement de n’être ni l’ami ni l’ennemi de la gouvernance mondiale. C’est pourquoi, la gouvernance par son silence laisse faire pour l'instant, Mais son message est toujours le même..Battez-vous bandes de petits negros… Mais à la fin, c’est nous qui déciderons.

L’occident est en déclin. Le dollar est presque mort et l’euro agonise. La Chine super-puissance fait peur. La civilisation occidentale fait des cauchemars et se revoit au Moyen âge. Que faire pour ne pas sombrer? Dans 40 ans, l’occident ne sera que plus de 6% de la population mondiale. L’Inde est une puissance nucléaire. La Chine est une puissance militaire et technologique. Le Brésil ne veut plus faire partie du tiers-Etat. Le monde musulman s’agite. L’occident se voit mourir et pour ne pas mourir, il s'accroche à l'Afrique : la mère nourricière. L’Amérique et l’Europe sont en train de s’adapter aux changements économiques et monétaires. La crise n'était qu'un prétexte pour La création du G20.

Ceci étant, j’observe que les occidentaux ont une grande qualité qu’on ne retrouve dans aucune autre civilisation, c’est l'autocritique. Ils ont compris qu’il fallait faire une Sainte Alliance nonobstant les intérêts divergents du moment pour maintenir leur domination. La gouvernance mondiale n'est que l’expression de cette Sainte Alliance dont l'Afrique paiera les frais compte tenu d'une certaine proximité avec la super-puissance chinoise.

En réalité, il n'est pas interdit également de s'interroger sur la responsabilité des dirigeants négro-africains dans ces crises politiques qui frappent le monde nègre avec la force des ouragans depuis 60 ans? D'aucuns diront, notamment nos négrologues romantiques avec leur naïve bonté originelle que le nègre est victime du méchant blanc occidental… D'autres vociféreront sur le nègre acculturé qui joue les uncle tom.. Je serais presque d'accord si ce n'était que ce schéma est simpliste et réducteur d'une réalité plus complexe. 

En réalité, il y a une immaturité politique chez ces nègres politiciens qui veulent appliquer à la lettre les préceptes d'un dogme venu d'ailleurs.

Le constat est simple. Partout en Afrique, c'est le chaos politique à l'exception du Ghana.. D'ou vient ce mal? De l'occident..Certainement... Mais alors, n'est ce pas dire implicitement que les nègres sont des enfants victimes, des petites marionnettes au service de la Sainte alliance.. Quid des autres peuples, chinois, arabes, indiens, colonisés par l'occident? Si l'on prend le cas de l'Inde, les indiens ont été traités de la même façon que les noirs.. L'argument qui voudrait rendre le cas de l'Afrique singulier est irrecevable et inacceptable, car il infériorise le nègre encore plus qu'il est déjà infériorisé. C'est une démarche hiroshimanesque. Il faut qu'on fasse notre autocritique..

Il y a une immaturité politique chez les politiciens négro-africains. Pour la plupart, nourris au lait de la pensée occidentale, ils se sont tous convertis à la démocratie : religion universelle selon laquelle le peuple est le prophète. Le monde selon ces negros-africains est divisé entre les démocrates et les antidémocrates comme naguère le monde fut divisé en 1492 entre le Vatican et l’Espagne. Souvenons nous des nègres piégés autrefois dans les cales des bateaux des négriers, ils sont aujourd’hui esclaves volontaires des bateaux de complaisance de la mondiale-democratie.

L'Inde est une démocratie de façade, la Chine n'est pas une démocratie, le monde musulman ne connait pas la démocratie.. Pourquoi l'Afrique, bon gré mal gré applique quasi à la lettre les principes démocratiques de l'occident est à ce point pathétique et ubuesque. Les uns s’affrontent, s’insultent pour le grand plaisir de la reine démocratie. Ni Lumumba, ni Aime Césaire ne les inspirent. Que ce soit les nègres anal-phabétisés ou alphabétisés. Pour la plupart, ce sont les serpillières d'un ordre intangible qu'ils ne comprennent pas, et même si d'ailleurs il le concevaient, ils ne sauraient quoi faire pour s'en défaire.. Peut-on et doit-on imposer le régime démocratique sans égard pour les cultures et l'histoire des pays? L'occident a mis combien de temps pour trouver un équilibre démocratique?

Si la démocratie était le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Pourquoi au nom de l’universalité, on voudrait imposer à un peuple un régime politique au doux nom de démocratie. L’imposition de la démocratie au nom de la démocratie n’est elle pas anti-démocratique ? La démocratie n'est-elle pas l'instrument d'un ordre établi. Il semble que les dirigeants négro-africains n’ont pas encore compris l'essence de la démocratie. Ils appliquent à la lettre les dix commandements édictés par le Moise occidental au mont du FMI et de la banque mondiale sans avoir une conscience politique, c'est a dire la conscience de soi.

La démocratie est un idéal. Cet idéal ne saurait être universel car trop relatif. La démocratie ne doit pas être simplement le reflet lumineux d’un régime politique mais l’ombre étincelante de la culture et de l’histoire d’un pays. L'implantation brutale du régime démocratique est plus dangereuse que l'absence de démocratie. Selon moi, ce qui en substance doit compter, c’est la souveraineté de l'Etat et non d'une quelconque souveraineté populaire. Je redis après Charles Dickens ''Ma confiance dans le peuple gouvernant est infinitésimale; ma confiance dans le peuple gouverné est infinie''

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